Interview Dans One (Juin):
Quand tu t’es lancé dans l’écriture d’ « American Idiot » avais tu vraiment le sentiment que le public allait accrocher?
Billie Joe: « Quand j’ai commencé à écrire les chansons de cet album, le moment était un peu particulier. On venait de se faire voler toutes les bandes d’un album sur lequel on avait travaillé pendant un an, et tout ce que je voulais c’était repartir à zéro. C’est pourquoi je me suis lancé dans ce concept d’opéra punk. Mais, franchement au départ, j’étais persuadé que tout le monde allait se foutre de notre gueule. Et finalement, sans doute parce que nos fans ont adhéré au message véhiculé par les chansons, l’album cartonne dans le monde entier. Je n’en reviens toujours pas ! »
A propos de cette histoire de vol, ça à quand même dû vous mettre un sacré coup au moral de perdre tout une année de travail…
BJ:« Dans les jours qui ont suivi le vol, je dois avouer que j’étais complètement déprimé. Je me demandais qui pouvait bien être l’enfoiré qui avait volé nos bandes, et surtout pour qu’elle raison il l’avait fait. Je n’arrêtait pas de tourner en rond et ressasser des idées noires. J’étais au plus mal. Du coup, comme je voulais pas imposer un tel spectacle à ma famille, j’ai décidé de quitter Oakland pour aller vivre quelques semaines à New York, le temps d’oublier un peu tout ça. Une fois là-bas, j’ai passer environ un mois à me saouler à la vodka. J’étais en pleine remise en questions sur moi, l’avenir du groupe, mais aussi, la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Finalement, j’ai compris que la meilleure chose à faire était de me remettre au travail en changeant complètement le concept de l’album. C’est ainsi qu’est né « American Idiot ». »
Grâce à cet album, votre image a complètement changé auprès des médias. Vous êtes passés du statut de petits punks débiles à celui de groupe engagé. Cette nouvelle image te satisfait?
BJ:« Je peux difficilement m’en plaindre, car avec un album qui parle autant de politique, on a ce qu’on mérite. Cela dit, je crois que c’est une évolution naturelle. Quand notre premier album est sorti, on avait 23 ans. Tout ce qui nous intéressait, c’était fumer de l’herbe, de parler de sexe et de foutre le bordel. Aujourd’hui, on a dix de plus, et, heureusement, on a un peu évolué. Mais cela ne veut pas dire qu’on est devenu des vieux cons! On a juste grandi, et on est finalement très fiers que notre musique continue à plaire aux plus jeunes. »
Tu es marié avec ta femme Adrienne depuis plus de 10 ans. Cela fait probablement de toi l’un des rockers le plus stables de la planète en matière de relation amoureuses…
BJ:« Vous savez j’ai rencontré Adrienne quand Green Day commençait tout juste à être connu et, au fil des années, elle est restée l’une de nos plus fidèle supportrices, sans jamais tomber dans la caricature de la fan amoureuse. J’aime sa façon d’analyser notre musique, de l’écouter, et surtout de la ressentir. Elle fonctionne comme moi, et, quand elle ne sent pas un nouveau morceau, j’essaye toujours de l’améliorer pour qu’il lui plaise. De plus, elle est la mère de mes enfants, ce qui représente énormément pour moi. »
Tu as néanmoins déclaré que l’enregistrement de « American Idiot » avait bien failli détruire ton mariage. Que s’est-il passé?
BJ:« Histoire de rompre avec nos habitudes, nous avons décidé de quitter le studio de Oakland pour aller enregistrer à Los Angeles. Or, cette ville est définitivement une ville de fous dans laquelle il est très facile de mal tourner. Il y a tout ce cotés paillettes qui est à la fois dégoûtant et très attirant, mais il y a aussi ce culte de la chirurgie esthétique, de l’apparence. Les gens qui vivent là-bas sont tous très speed et il y a évidemment beaucoup de drogues qui circulent. Du coup, la tentation est grande, et j’ai failli me faire avoir. Certains soirs j’appelais ma femme et elle me reconnaissait à peine au téléphone. Elle avait l’impression de parler à quelqu’un d’autre. Heureusement, j’ai fini par me ressaisir et, une fois l’album terminé, nous nous sommes retrouvés comme au premier jour. »
Quel genre de père de famille es-tu?
BJ:« Je crois que je suis un père tout à fait ordinaire. En tout cas, le quotidien ne me fait pas peur et j’aime faire des choses ordinaires avec ma famille. Dans la vie, outre la musique, mes activités favorites consistent à faire du catch avec mes enfants et à faire l’amour avec ma femme. Vous voyez, rien d’extraordinaire… »
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