Voilà un article que j'ai récupérer sur greenday.paradise qui est vraiment génial (bien sur il est un peu vieux):
Verts de rage, rouges de colère
Punk. Nouvel album pour Green Day, plus apaisé certes mais plus critique aussi.
« Quoi ? T’écoutes Green Day ? ! Grandis, t’as plus cinq ans ! » : combien de fois l’a-t-on entendue, cette rengaine ? Certes, dix ans ont passé depuis que, dans l’anonymat d’une chambre d’hôpital, on découvrit sur un écran haut perché un jeune punk lymphatique affalé sur un canapé couvrant les ronflements d’un voisin de chambre en hurlant son ennui sur MTV tout en détruisant ce salon très middle class pour, quelques clips plus tard, se retrouver dans un HP auquel il fera subir le même sort.
Et pourtant n’avaient-ils pas raison, ces empêcheurs de pogoter en rond ? L’avant-dernier album de ce groupe post-grunge made in Berkeley (la banlieue décatie et portuaire de San Francisco) - Warning - était si mauvais qu’on s’était retenu de le transformer en frisbee. Il faut dire que depuis Insomniac, la quatrième galette de ce trio punchy qui avait mis le souk au remake de Woodstock, à chaque nouvel album on fait la grimace...
Fini l’album d’une petite demi-heure fourré ras la gueule d’une vingtaine de chansons façon Ramones, sortant sur un label indépendant et le triptyque guitare-basse-batterie. Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tré Cool donnent dans la ballade et s’entourent de violons, s’essaient au « unplugged ». En tête, leur cinquième album, Nimrod, ou même leur composition pour la BO de Friends ! Les ados qui avaient trouvé le nom de leur groupe un jour de défonce ont vieilli. Même si on peut comprendre qu’ils aient souhaité se calmer après le nihiliste Insomniac. D’autant que lorsqu’un quadra beugle « If the kids are united », il y a une sorte de comique involontaire qui n’est pas forcément au service du propos.
Pourtant, la dernière fois qu’il avait daigné passer par la France, sur scène, le trio mis en orbite par les ventes pléthoriques de Dookie - succession explosive de hits passant encore en boucle - n’avait rien perdu de son mordant : le Transbordeur, à Lyon, à l’instar de l’Élysée-Montmartre, s’était transformé en une gigantesque fosse en fusion. Et là, cette année, ce groupe apparu en même temps qu’Offspring refait enfin un crochet par l’Hexagone au prétexte de la sortie de son dernier album, American Idiot. Rassurons les fans : à la première écoute, nous avons détesté ! Normal, lorsqu’on a connu les premières compositions. Mais à s’y pencher de plus près, on finit par trouver de quoi se sustenter. Ne serait-ce que par le contenu politique. Billie Joe Armstrong a délaissé les frasques de teenager découvrant d’un coup drogue, dope, sexe et star-system pour se faire porte-drapeau des anti-Bush. Posture qui est loin d’être originale si ce n’est qu’au regard des chansons jusque-là entendues, rarement on aurait pu imaginer Green Day s’intéressant à autre chose que l’amour, le spleen nihiliste adolescent et l’abus de substances illicites.
Néanmoins, avec Warning on sentait poindre au détour d’une chanson - « I want to be the minority » - cette volonté de s’engager. Le minimum, mais s’engager quand même. Avec American Idiot, Green Day transforme l’essai en proposant un album unitaire, un pamphlet virulent contre cette Amérique va-t-en-guerre marquée aussi par un certain mois de septembre. Mais ce qui auparavant se serait traduit par un brouillon énervé de cinquante secondes de guitare saturée prend le temps de l’ironie, de la mélancolie, de la distance. Même si pointe çà et là l’énergie juvénile d’un groupe qui n’a pas encore tiré un trait sur son passé. Et qui est bien décidé à le mettre en scène en faisant de cet album une sorte d’opéra rock digne des Who. Green Day restera de toute manière une porte d’entrée dans l’univers du punk, pour découvrir des groupes plus radicaux mais, hélas, moins connus. En attendant, c’est au Zénith que l’on saura s’ils ont vieilli ou non...
Sébastien Homer
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